Forcing yourself to think happy lies doesn't heal your dreams. Getting to the truth does.

Il avait perdu beaucoup de sang. Et il continuait à en perdre, tandis qu'elle s'appliquait à réduire l'afflux de sang qui commençait sérieusement à l'inquiéter. Elle gardait son regard solidement fixé sur la plaie, refusant de le regarder dans les yeux une seule seconde, jusqu'à ce qu'il lui annonce qu'elle allait devoir faire tout le boulot elle-même comme une grande qu'elle n'était pas. Elle se demanda, durant l'espace d'un instant, si elle avait bien entendu, et surtout ce qu'elle faisait là. Elle alla même jusqu'à espérer qu'elle était en plein rêve, mais quelque chose lui disait qu'il était naïf de penser ça. Elle se mit alors à appuyer avec plus d'ardeur sur la blessure, plus par colère qu'autre chose, sans vraiment l'écouter déblatérer ses conneries de confiance, de foi en elle et tout ce qui allait avec. Il délirait. C'était la seule explication logique.
Sa théorie du délire sembla se confirmer lorsqu'il lui demanda d'aller chercher tout ce dont elle avait besoin dans le placard, bien caché comme dans un film du genre James Bond. Sauf que voilà, le problème résidait dans le fait qu'il s'agissait de films, et que là elle se retrouvait confrontée à une situation bien réelle. Elle suivit néanmoins ses instructions, ne serait-ce que pour s'éloigner momentanément du sang et de Liam, parce qu'il fallait bien admettre que sa présence la perturbait un peu. Elle fouilla donc là où il lui avait indiqué de chercher, persuadée de ne rien trouver, et se retint difficilement de poser tout un tas de questions lorsqu'elle finit par effectivement trouver quelque chose. Elle soupira et décida qu'elle ne désirait vraiment pas savoir ce que cela faisait chez elle.
Lorsqu'elle revint auprès du lit, se cramponnant presque aux poches de sang et aux divers instruments qu'elle avait ramenés avec elle, Zoë trouva Liam allongé sur un drap par terre, et manqua de l'engueuler pour être incapable de tenir en place cinq secondes. Elle s'agenouilla près de lui, et constata avec un vague soulagement qu'il saignait bien moins, bien que la quantité de sang perdu restât importante. Elle l'écouta une nouvelle fois lui déclarer un amour inconditionnel qu'elle ne partageait vraiment pas à cet instant précis de la journée, tout en le transfusant avec plus de douceur que ce qu'il méritait. Elle finit par s'intéresser de plus près à sa blessure, poussant un soupir de résignation. Mais qu'est-ce qui lui prenait de faire ça ? Elle allait le tuer, et il semblait plus que consentant. Consentant, et encore une fois totalement désolé de l'avoir abandonnée et tout et tout. Elle releva la tête vers lui à ce moment là, le fusillant du regard. « Tu t'excuseras quand tu seras dans un état convenable. »
Elle redevint silencieuse, s'efforçant d'oublier un peu tout ce qui l'entourait, et compta mentalement jusqu'à trois, avant de nettoyer allègrement la plaie, puis de tenter de situer approximativement la balle à l'aide de ses doigts, le tout en récitant à voix basse toutes les répliques de Mary Poppins dont elle parvenait à se souvenir. Elle se rendit alors compte que la balle n'était pas si profonde que ça, et qu'avec un peu de chance elle arriverait même à ne rien abimer au passage. « Bon. Ta merde n'est pas allée gambader trop loin, ce qui est plutôt pas mal. Dis-moi quand t'es prêt, et surtout aide-moi parce que je n'ai pas l'intention d'y aller à l'aveuglette. »

Il avait remarqué qu’elle ne l’écoutait pas. Elle prenait toujours cette moue qui rappelait les ados rebelles prêt à lever les yeux au ciel. Si il avait pu, il aurait souri. Elle n’avait pas changé tant que ça, et tout ça le rassurait. Et il savait qu’elle était sans doute dépassée, bouleversée par la situation plutôt hors-normes, alors il comprenait. Il comprenait qu’elle évite son regard, qu’elle ne l’écoute pas plus que ça, qu’elle appuie fort –un peu trop- sur la plaie en signe de mécontentement, qu’elle s’agite et tremble. Il comprenait mais aurait toutefois aimé que ça se passe autrement. Ce n’était pas tout à fait le genre de retrouvailles qu’il avait planifié. Alors qu’elle revenait avec les poches de sang et les instruments, il put lire sur son visage un certain énervement lorsqu’elle remarqua qu’il avait bougé. Il ne tenta pas de se trouver un excuse ou quoique se soit et se contenta de garder le silence tout en continuant de l’observer. Puis, tout en douceur, alors accroupie à ses côtés, elle installa une perfusion improvisée. Cette fois-ci il lui sourit ou du moins, la grimace qu’il réalisa était celle qui s’en rapprochait le plus. Avant qu’elle ne s’intéresse vraiment à la blessure, il aurait voulu lui prendre la main et l’obliger à le regarder dans les yeux et à l’écouter. Il ne savait pas si il s’en tirerait sain et sauf, alors il voulait qu’elle sache, qu’elle le croit. Il ne demandait pas de pardon ni de rédemption, juste qu’elle veuille bien y croire un peu. Mais c’était trop tard et Zoë s’était déjà attelée à la tache.

Elle avait peur. Ses traits suintaient la peur. Il savait que ce n’était pas facile ce qui lui demandait là, et il était d’ailleurs prêt à lui dire de laisser tomber. Mais il savait qu’elle pouvait le faire, il avait confiance. Elle en était capable. C’est alors que Zoë releva la tête pour le fusiller du regard. « Tu t'excuseras quand tu seras dans un état convenable. » Il se tut, et l’observa encore un peu. Il tenta de prendre un air serein alors qu’elle nettoyait la plaie à grand coup d’alcool. La douleur était insoutenable et si ça avait été quelqu’un d’autre, il aurait sans doute rugi. Il n’en fit rien et récita mentalement le message qu’elle lui avait laissé sur son portable quelques mois avant. Elle tâta ensuite son ventre, le contour de la plaie et l’intérieur. Une nouvelle vague de douleur le submergea mais il ne broncha pas. « Je voulais juste que tu saches que t’es un con d’être parti comme ça et que tu aurais pu au moins me dire quelque chose parce que c’est comme ça que les choses sont censées fonctionner. » Il ne cessait de se le répéter en boucle, toujours et encore, avec les intonations, les pauses, et les bruits de fond. De son côté, alors qu’elle pratiquait l’examen, il entendit Zoë-Alice réciter à voix basse Mary Poppins, où ce dont elle se souvenait. Au bout de quelques secondes, elle dit, sans quitter pour autant la plaie des yeux : « Bon. Ta merde n'est pas allée gambader trop loin, ce qui est plutôt pas mal. Dis-moi quand t'es prêt, et surtout aide-moi parce que je n'ai pas l'intention d'y aller à l'aveuglette. » Elle se donnait des airs durs, voulait paraître sèche et inaccessible mais Liam savait qu’au fond elle avait surtout peur. Il savait très bien ce qu’elle pensait à cet instant : « Je vais le tuer et il est consentant. » Primo, elle ne le tuerait pas, il le savait. Secundo, il savait aussi qu’elle était capable de faire ça. Il prit la voix la plus posée possible et articula doucement. « Déjà tu vas respirer profondément, et te calmer. Tu peux le faire Zoë. Tu l’as fait un million de fois en cours sur des cadavres. Imagine que je ne suis qu’un corps. Un simple corps. Fais abstraction de tout le reste. » Il avait grand besoin d’un verre de vodka si il ne voulait pas mourir de douleur. Mais pour Zoë, il devait garder la tête froide si il voulait pouvoir la guider. « Les étapes sont simples. Tu l’enlèves, ou du moins la plus grosse partie, tu désinfectes encore un coup et tu recouds. » Il ferma les yeux, cherchant quelque chose de réconfortant à dire. La seule chose qu’il ajouta fut : « Fais totalement abstraction. Je n’aurais pas mal. Ne t’inquiète pas. »

« Déjà tu vas respirer profondément, et te calmer. Tu peux le faire Zoë. Tu l’as fait un million de fois en cours sur des cadavres. Imagine que je ne suis qu’un corps. Un simple corps. Fais abstraction de tout le reste. » Elle releva brusquement la tête pour le regarder, incapable d'ignorer la douleur qui était inscrite sur ses traits. Certes, elle l'avait fait beaucoup de fois, mais comme il l'avait précisé lui-même, c'était sur des cadavres. Et par définition, un cadavre, c'est mort. Or, lui était parfaitement vivant - pour l'instant - et souffrait le martyr. Elle hocha néanmoins la tête, se décidant enfin à l'écouter attentivement, et ferma les yeux, se concentrant sur sa respiration. Elle inspira profondément à plusieurs reprises, retrouvant peu à peu un calme dont elle n'osait même plus espérer voir le bout du nez se pointer. « Les étapes sont simples. Tu l’enlèves, ou du moins la plus grosse partie, tu désinfectes encore un coup et tu recouds. » Tout semblait tellement facile quand c'était lui qui lui disait quoi faire. Il omettait simplement de préciser qu'il allait tout sentir, bien que le rappeler eût été inutile, puisqu'elle en avait pleinement conscience, et c'était de loin ce qui l'inquiétait le plus. « Fais totalement abstraction. Je n’aurais pas mal. Ne t’inquiète pas. »
Elle eut un petit rire nerveux et légèrement incrédule, et s'abstint de le regarder, préférant s'emparer d'une pince de peur de se dégonfler. « Bien sûr que tu vas avoir mal. Je vais te faire mal, donc c'est normal que je m'inquiète. » Elle avait renoncé à son ton faussement cinglant pour opter pour une intonation bien plus douce et pathétique. Voilà qu'elle commençait déjà presque à le considérer comme mort. Il fallait vraiment qu'elle fasse preuve d'un peu d'optimisme. Au moins, il avait fini par revenir. « Si je te fais vraiment trop mal, laisse tomber ta petite fierté et fais-le moi savoir, s'il te plait. » Puis, se penchant sur la plaie, elle se mit au travail, y glissant lentement la pince. Elle le sentait déjà se tendre, et fit tout ce qu'elle put pour ne surtout pas se laisser distraire. Bien sûr qu'il souffrait. Mais plus elle trainait, plus la douleur durerait, alors autant arrêter d'y penser et se bouger les fesses.
Après avoir fouillé pendant ce qui lui semblait une éternité, s'être excusée une bonne centaine de fois pour la douleur occasionnée et avoir essayé de faire plus attention quand elle sentait qu'il avait vraiment trop mal, elle finit par s'emparer de la balle, et la retira doucement, tout en veillant à ne pas causer davantage de dommages. Poussant un énième soupir, de soulagement cette fois-ci, elle se redressa et prit à nouveau le temps de le regarder, s'en voulant encore un peu plus d'être à l'origine de toute cette petite torture. Elle se rendit compte qu'étrangement, sa colère avait fini par laisser place à une réelle compassion, et elle maudit le crétin qui avait surgi alors qu'elle avait l'intention d'être absolument détestable pendant encore de longues heures, voire jours. Chassant ces pensées puériles de son esprit, elle nettoya à nouveau la blessure, en étant cette fois bien moins brusque dans ses gestes, histoire de lui épargner un maximum de douleur.
La jeune femme prit ensuite une aiguille, du fil, et se prépara à recoudre le tout. Habituellement, elle adorait suturer, s'entrainant sur tout et n'importe quoi, mais bizarrement, la perspective d'expérimenter la couture sur Liam l'enthousiasmait moyennement. Elle prit néanmoins son courage à deux mains et se remit au travail, grimaçant à chaque fois que l'aiguille transperçait la peau, sans prendre la peine de relever la tête pour voir si une moue semblable à la sienne était affichée sur le visage du jeune homme. Elle constata avec satisfaction que ses doigts n'avaient pas tremblé une seule fois, garantissant un travail esthétique, sinon efficace. Elle s'assura que tout avait été fait correctement, et finit par se laisser basculer en arrière, s'allongeant de tout son long par terre, se retenant avec difficulté d'éclater de rire pour exprimer son soulagement. « T'es encore en vie ? »

Il fut étonné lorsqu’il la vit fermer les yeux et se concentrer sur sa respiration. Il avait douté un instant qu’elle l’écoute. Mais Zoë paraissait être prête mentalement. Elle hocha la tête et respira, comptant sans doute le nombre d’inspiration et d’expiration qu’elle réalisait. Il fit de même, et prit de grandes inspirations se préparant à être confronté à quelque chose de très douloureux. Après avoir rappelé les instructions, il avait osé la phrase réconfortante : « Fais totalement abstraction. Je n’aurais pas mal. Ne t’inquiète pas. » qui, dite à voix haute n’avait rien de très consolateur. Sans surprise, il entendit le doux rire nerveux de ZA résonner. Il la vit éviter avec application son regard et s’emparer de la pince. « Bien sûr que tu vas avoir mal. Je vais te faire mal, donc c'est normal que je m'inquiète. » Elle allait lui faire mal. Mais ce n’était rien comparé à ce que lui avait fait. Il se fichait bien qu’elle le charcute, qu’elle lui fasse un mal de chien. D’un certain point de vue il le méritait ; ça serait sa petite sentence, la petite vengeance de Zoë. Et il se fichait bien de tout ça à présent qu’elle était là ; plus rien ne comptait sauf elle tout près de lui. « Si je te fais vraiment trop mal, laisse tomber ta petite fierté et fais-le moi savoir, s'il te plait. » En temps normal il aurait souri, moqueur. Il ne le fit pas et laissa sa tête tomber sur le sol. Il ne devait pas crier ou bouger. Concentre toi Liam, se martela t-il alors que Zoë commençait son travail. Il commença par réciter le message vocal, mais il n’y trouve plus d’intérêt maintenant qu’il pouvait entendre sa voix pour de vrai s’excuser alors qu’il se retenait d’hurler. Il tenta après de compter ses inspirations et expirations de sa respiration haletante. En vain. La douleur lui serrait le cerveau comme un étau. Il agrippa le drap et ferma les yeux. Un… Deux… Trois. Hurlement intérieur. Son visage devait refléter ce qu’il vivait en ce moment car les excuses de Zoë recommencèrent de plus belle. Quand allait-elle trouver cette foutue balle ?! Il inspira un coup et se concentra sur le passé. Il réussit à revoir Zoë en demoiselle d’honneur pour le mariage de sa cousine, leur première rencontre, lorsqu’elle lui avait fait assez confiance pour lui présenter ses parents. Il n’avait que de bons souvenirs avec elle. Même si ils s’étaient parfois disputés, rien ne valait ou n’était comparable à ces instants de pur bonheur. Enfin, doucement, il sentit la pince sortir de la plaie retirant la balle. Il soupira. Une bonne chose de faite. Elle se releva enfin et le regarda. Il tenta à nouveau de sourire. Plutôt inutile puisque son visage crispé ne faisait que grimacé de douleur. Il retint sa respiration, la douleur étant encore bien présente, il ne voulait pas crier et la faire culpabiliser encore plus.

Elle nettoya à nouveau la plaie, avec plus de délicatesse cette fois ci, ce qui n’accentua que peu les maux causés par la plaie à vif. L’étape la plus longue restait encore à faire : la couture. Il souffla fort puis reprit une grande inspiration. Il serra les dents alors que l’aiguille transperçait une première fois sa peau. S’accrochant à des souvenirs heureux, Liam tentait de retenir un cri de douleur. Quelques secondes, encore quelques secondes. Et enfin, le martyr prit fin. Il vit du coin de l’œil Zoë basculer en arrière, riant presque. « T'es encore en vie ? » Avant de répondre directement à la question, Liam lâcha enfin un « NOM DE DIEU ! » puis un chapelait d’injures avant de tourner la tête dans sa direction et d’ajouter « Merci Zoë… » Son visage s’était enfin détendu même si ses traits restaient encore un peu marqués par la douleur de la séance chirurgicale improvisée. « Et oui je suis toujours là… » Il tendit le bras dans sa direction et effleura sa main. Il avait envie de se déplacer pour la prendre dans ses bras et pouvoir respirer le parfum de ses cheveux, la sentir tout contre lui, pouvoir avoir l’impression que rien n’avait changé. Mais il ne voulait pas gâcher l’instant en la brusquement. Alors, il laissa sa main posé sur celle de la jeune femme, en serrant doucement ses doigts en signe de gratitude. « Tu as réussi Zoë, tu as réussi.. » souffla t-il à bout de nerf.

Elle resta immobile durant quelques secondes, osant à peine respirer de peur que tout cela s'avère n'être qu'une illusion, et qu'elle ait en fait fini par le tuer ou l'endommager plus qu'autre chose. Ses craintes semblèrent d'ailleurs se confirmer, lorsque, alors qu'elle luttait toujours contre le rire nerveux qui lui chatouillait la gorge, il cria un « NOM DE DIEU ! » qui la fit se redresser brusquement, s'appuyant sur ses coudes, prête à intervenir si jamais quelque chose s'était mal passé. Lorsqu'elle l'entendit poursuivre sur une litanie de jurons, elle se laissa retomber en arrière, comprenant avec soulagement qu'il se décidait enfin à extérioriser sa douleur. Elle ne se sentait vraiment pas d'attaque pour rejouer les médecins, ni physiquement, ni psychologiquement. « Merci Zoë… » Tournant lentement la tête vers lui, elle se rendit compte qu'il était encore clairement évident qu'elle l'avait fait souffrir, et elle ne put s'empêcher une fois de plus de se sentir coupable. Elle ne trouva alors rien à répondre, et se contenta de lui adresser un faible sourire. « Et oui je suis toujours là… » Oui, mais pour combien de temps encore ? Maintenant que la peur de le voir mourir s'était estompée, elle commençait à se demander si après tout, il n'allait pas repartir, un peu refroidi à l'idée d'avoir à se prendre des balles tous les jours à cause d'elle.
Elle resta donc silencieuse, réfléchissant avec difficulté à un peu tout ce qui s'était passé, son cerveau refusant visiblement de travailler à un rythme acceptable. Elle mit quelques courtes secondes à se rendre compte qu'il avait tendu le bras vers elle, et fut incapable de bouger lorsqu'il toucha sa main. Elle se contenta de le fixer, ne pouvant s'empêcher de vouloir plus qu'une simple pression sur ses doigts, sans vraiment parvenir à décider ce qu'elle voulait vraiment. « Tu as réussi Zoë, tu as réussi.. » Il avait prononcé ces simples mots d'une voix pleine de tension et de fatigue, mais elle put néanmoins distinguer la gratitude qu'il tentait d'exprimer. Ne trouvant rien à répondre, elle se contenta d'extirper sa main de la sienne pour s'en emparer à nouveau dans un geste presque ferme, serrant légèrement ses doigts. Elle avait toujours estimé que prendre la main de quelqu'un permettait d'exprimer bien plus de choses que n'importe quel sublime discours. Peut-être n'était-ce qu'une illusion, il n'empêche qu'elle y croyait, et que ça l'arrangeait bien.

Elle resta silencieuse pendant quelques minutes, se contentant de se cramponner à la main de Liam dès que son esprit envisageait un scénario impliquant sa mort, puis finit par se redresser, s'asseyant à ses côtés sans le quitter des yeux. Elle ouvrit la bouche et la referma à plusieurs reprises, cherchant ses mots. Lorsqu'elle finit par se décider, elle lâcha doucement la main du jeune homme, posant désormais son regard sur à peu près tout sauf son visage, avant de parler. « Je suis sincèrement désolée pour ce qui vient de se passer. Et je t'aime. Je t'aime vraiment. Mais je ne pense pas que tu puisses revenir comme ça alors que tu n'as plus rien à voir avec mon Liam. » Elle marqua une pause, jetant un regard circulaire sur l'état de la chambre avant de reprendre. « Je veux dire, la mafia ? Des poches de sang dans mon placard ? Qu'est-ce qui viendra après ça ? » Elle reporta son regard sur lui tout en s'efforçant de rester ferme. « J'ai failli te perdre pour la deuxième fois aujourd'hui. Je suis pas prête à faire face à ce genre de trucs. » Elle s'interrompit alors, sentant qu'elle commençait à aller trop loin.
L'accumulation de fatigue, le retour inattendu de Liam dans sa vie, l'intervention chirurgicale improvisée, tout semblait intensifier la terreur qu'elle avait ressenti quelques instants auparavant, et dont elle commençait tout juste à percevoir l'ampleur. Elle se sentait complètement vidée, et cette sensation n'aidait en rien à atténuer le malaise qui la rongeait maintenant qu'elle l'avait à nouveau envoyé paitre alors qu'il était blessé. Sentant qu'elle commençait sérieusement à craquer, elle décida qu'il était temps, à son tour, de fuir un peu. Avec une lenteur délibérée, elle se pencha en avant et vint déposer un bref baiser sur son front, puis se leva. « Tu as besoin de repos. Alors repose-toi. Ne bouge pas. Je vais juste ranger le bordel que ton copain et toi avez foutu. »

Il était bel et bien vivant. Et avec Zoë. Il ne voyait pas ce qu’il pouvait demander de plus. Le ciel paraissait être de son côté, à présent. Alors qu’il avait sa main posé sur celle de la jeune femme, il se laissa aller à réfléchir à autres choses qu’à des foutus plan B, ou comment sauver sa peau. Il était en vie, bon sang, alors que quelques minutes auparavant il n’y croyait plus. Il sentit le regard de Zoë le fixer, sans doute inquisiteur, mais il ne dit rien, ne fit aucun commentaire ou ne bougea. Ils restèrent là, dans ce silence reposant teinté par les pensées de l’un et de l’autre. Et puis, sans s’y attendre, elle retira sa main brusquement. Il ne saisit pas ce geste sur le coup. Mais finalement, lorsqu’elle attrapa sa main pour s’y cramponner, il comprit. Il comprit qu’elle lui faisait encore un peu confiance, qu’il restait ce quelque chose entre eux, qu’il n’avait pas tout perdu. Il lia ses doigts avec les siens, et caressa son index du bout de son pousse. Ils restèrent quelques secondes, ou peut être quelques minutes ainsi, silencieux, plongés chacun d’eux dans leur propre pensée quant à l’avenir. Et puis, sans crier gare, Zoë se releva pour venir s’asseoir à côté de lui, sans le quitter du regard. Liam s’inquiéta soudain. Il jeta un bref coup d’œil à la plaie pour voir si rien n’avait explosé puis reporta enfin son regard sur Zoë. Son visage, ce visage trahissait une peur certaine. Mais laquelle, ça il ne le saurait pas tant qu’elle n’ouvrirait pas la bouche.

Il la vit ouvrir puis refermer la bouche à maintes reprise, essayant sans doute de choisir ses mots avec précautions. Il se tendit, la crainte commençant à l’envahir. Avait-elle quelqu’un d’autre dans sa vie ? Allait-elle se marier ? Il pensait pourtant qu’elle l’aimait encore quelques minutes auparavant. Lorsqu’elle se décida enfin, elle lâcha sa main doucement. Il voulu s’y agripper, la supplier de la laisser là où elle se trouvait, mais il n’en fit rien et garda le silence. Elle dévia son regard et commença à parler pour de bon. « Je suis sincèrement désolée pour ce qui vient de se passer. Et je t'aime. Je t'aime vraiment. Mais je ne pense pas que tu puisses revenir comme ça alors que tu n'as plus rien à voir avec mon Liam. » Ce fut comme une claque. Une claque douce, mais dont on ne s’y attend pas. Comment pouvait-elle dire ça ? Elle ne l’avait revu que depuis quelques heures. Certes il s’en était passé des choses, mais il n’avait pas changé. C’était toujours le même Liam qui n’avait jamais cessé de l’aimer. « Je veux dire, la mafia ? Des poches de sang dans mon placard ? Qu'est-ce qui viendra après ça ? » Oh. Ca. Leur découverte avait sans doute bouleversé des choses chez elle, mais elles avaient toujours existé. Même avant. Et elle devait apprendre à s’y faire. Ce n’était au final, d’ailleurs, pas grand chose. « J'ai failli te perdre pour la deuxième fois aujourd'hui. Je suis pas prête à faire face à ce genre de trucs. » Elle essaya de paraître ferme tout en disant cela, mais ça ne marchait pas. Absolument pas. Pas avec Liam ; il la connaissait trop bien. Elle ne le quitta pas des yeux mais garda le silence.

Après quelques secondes, qui parurent à Liam être une éternité, elle se pencha avec douceur au dessus de lui et embrassa son front. Il retint son souffle, et ferma les yeux. Mais hélas elle se levait déjà, comptant sans doute partir. « Tu as besoin de repos. Alors repose-toi. Ne bouge pas. Je vais juste ranger le bordel que ton copain et toi avez foutu. » Il tourna soudainement la tête dans sa direction, conscient que ses muscles lui faisaient mal, mais qu’il était bien vivant. « Non » répliqua t-il. « Non, tu ne peux pas partir comme ça sans que je ne me sois expliqué Zoë » Il avait employé un ton doux. Ou du moins qu’il espérait être doux. « Zoë, reste s’il te plait. » Mais elle ne l’écoutait pas. Il se releva d’abord sur les coudes, attrapa sa perfusion qu’il enleva –pour ne pas dire arracher- et se releva enfin. Il se stoppa un instant, le tournis l’empêchant d’avancer plus. Puis une fois tous ses esprits il la suivit, non sans mal. « Zoë, attends. » Il plaqua sa main contre sa cicatrice douloureuse. « Zoë, je n’ai pas changé, ce n’est que moi Liam. Ton Liam. Tu verras. Tu as vécu avec ces choses là, et la différence c’est que tu ne le savais pas. C’est tout. » Il la arriva enfin derrière elle, attrapa son coude avec délicatesse et finit par lui dire : « Ca ne change rien Zoë. Je t’appartiens, et je n’ai pas changé. Je reviens juste te chercher. »

« Non » Ce simple mot la fit presque s'arrêter alors qu'elle commençait à se diriger vers la porte, ne cherchant désormais plus qu'à s'éloigner de tout ça. « Non, tu ne peux pas partir comme ça sans que je ne me sois expliqué Zoë » Des explications, elle en avait eu suffisamment à son goût. Peut-être trop, d'ailleurs. Elle ne voulait plus qu'on lui explique quoi que ce soit. Elle voulait conserver le peu de naïveté et d'ignorance qui avaient été épargnées jusqu'ici. Et elle voulait digérer tranquillement ce qu'elle avait fini par apprendre, sans avoir à lutter pour garder une expression tout à fait égale. Elle perçut néanmoins la douceur de son ton, et fut presque tentée de céder et de simplement repousser à plus tard son petit moment de solitude. Mais elle finit par se ressaisir, réalisant qu'elle ne pouvait plus attendre et qu'elle n'aspirait plus qu'à s'éloigner, ne serait-ce que pour cinq minuscules et insignifiantes minutes. « Zoë, reste s’il te plait. » Elle hésita une nouvelle fois, de manière plus évidente, mais refusa d'obéir. Il ne pouvait plus rien exiger, pas même qu'elle reste auprès de lui alors qu'il avait bouleversé sa vie.

Marchant sans s'arrêter, elle s'attendit à ce qu'il finisse par se résigner et la laisser tranquille, aussi fut-elle légèrement surprise lorsqu'il insista. « Zoë, attends. » Elle ne se retourna pas et ne remarqua pas non plus que sa voix se rapprochait au lieu de perdre en intensité, trop désireuse d'aller dans ce foutu salon et de s'occuper l'esprit de manière à ne pas sombrer dans le pathétisme le plus ridicule en se mettant à pleurer comme une Madeleine. « Zoë, je n’ai pas changé, ce n’est que moi Liam. Ton Liam. Tu verras. Tu as vécu avec ces choses là, et la différence c’est que tu ne le savais pas. C’est tout. » Elle avait envie d'y croire, mais tout lui indiquait qu'il n'était plus le même. Elle ne voyait plus seulement le Liam attentionné qui avait fini par entrer dans sa vie avec douceur, mais également celui qui se battait dans son salon après avoir resurgi de force dans son existence. Alors la question se posait : souhaitait-elle attendre de voir celui qu'elle aimait reprendre le dessus ? Elle n'avait pas la moindre envie d'avoir à fuir, de retrouver son appartement sens dessus dessous, de jouer les médecins trois fois par semaine en espérant obtenir la preuve qu'au fond, il était le même.

Elle sentit alors une main se saisir lentement de son coude, et s'arrêta net. Ne pouvait-il pas, pour une fois dans sa vie, écouter ce qu'elle lui disait ? Pourquoi diable semblait-il déterminé à la suivre comme son ombre alors qu'elle n'avait vraiment pas besoin de ça ? Elle soupira sans se retourner, son regard solidement fixé sur ses pieds. « Ca ne change rien Zoë. Je t’appartiens, et je n’ai pas changé. Je reviens juste te chercher. » Elle ne put s'empêcher de sourire, bien qu'elle ne se fît plus d'illusions. Bien sûr qu'il avait changé. Elle aussi, peut-être. Elle s'était cramponné à l'espoir qu'il reviendrait un jour, et lorsqu'enfin son voeu s'était réalisé, ce fut pour lui faire voir la vérité en face. Tout avait changé la nuit où il était parti. « Il n'y aura rien à voir Liam, tu as changé, c'est un fait. Et j'aurais préféré ne jamais connaitre ces choses. Ou même ne pas avoir à vivre avec. Je peux pas tout reprendre comme si de rien n'était. Je ne veux pas. » Elle se retourna lentement, sans le regarder, et posa ses mains sur son torse, le poussant doucement en arrière pour l'inciter à retourner se coucher. « Tu n'as pas besoin de t'expliquer. J'ai même pas envie que tu t'expliques. » Elle pressa ses mains contre lui avec plus d'insistance l'espace d'un instant, puis finit par se retourner, reprenant sa route. « J'ai juste envie que tu ailles te reposer, comme ça je pourrai faire ce que j'ai à faire. Pour une fois, fais ce que je te dis. » Elle n'attendit pas de réponse et alla se réfugier dans le salon, se laissant lentement tomber sur le canapé, et poussa un soupir désespéré en sentant déjà ses yeux la picoter d'une manière ridicule et désagréable.

« Il n'y aura rien à voir Liam, tu as changé, c'est un fait. Et j'aurais préféré ne jamais connaitre ces choses. Ou même ne pas avoir à vivre avec. Je peux pas tout reprendre comme si de rien n'était. Je ne veux pas. » Avait-il changé à ce point? Il avait l'impression d'être devenu un monstre à ses yeux. Etait-ce réel? Ou essayait-elle, tout simplement, de le repousser avec tact? Il souffrait. Pas de sa récente intervention, non, car comparé à ce qu'il comprenait à présent, ce n'était rien. Quoiqu'il en soit, il ne bougea pas, la fixant, perdu. Elle se retourna pour lui faire face, mais ne le regarda toutefois pas. Elle posa ses deux mains sur son torse et le poussa avec douceur pour qu'il recule et retourne s'allonger. « Tu n'as pas besoin de t'expliquer. J'ai même pas envie que tu t'expliques. » Tout s'effondrait. Il savait à présent qu'elle ne voudrait plus de lui dans sa vie, ce qui l'atteignit de plein fouet. Il aurait du mourir de cette balle bordel. Il n'aurait, au moins, pas du affronter ce petit discours. Une nouvelle fois elle le pressa de reculer, avec plus d'insistance. Il voulu poser ses mains sur les siennes et qu'elle les garde là plus longtemps, mais elle se retournait déjà pour reprendre son chemin. « J'ai juste envie que tu ailles te reposer, comme ça je pourrai faire ce que j'ai à faire. Pour une fois, fais ce que je te dis. » Elle n'attendit même pas qu'il réponde pour repartir. Liam quant à lui resta un instant les yeux dans le vide, les bras ballant, au milieu de couloir, à moitié nu.

Une minute s'écoula sans qu'il ne puisse prendre de décision. Et puis il prit la seule qui lui paraissait la plus raisonnable: Partir à nouveau. Il était un boulet pour Zoë-Alice. Il se débrouillerait pour la surveiller à distance et Nevaeh se pourrait se charger du reste. Il fit volte face, retourna dans la chambre. Là bas, il enfila un t-shirt et un pull, attrapa un sac à la volée et y fourra des chemises et autres vêtements. Il avait mal au coeur et la nausée. Il pensait pourtant qu'ils étaient des "âmes soeurs". Il passa devant le miroir et s’arrêta une seconde. Il était blanc comme un cachet d’aspirine et ses cernes déjà foncée avant, s’étaient encore un peu plus assombries. Il détourna le regard, reprit le sac et quitta la chambre. La sensation de déjà vu le submergea. Il dépassa la salle de bain. Plus que quelques pas et tu y es. Il déboula dans le salon. Ou était son PASIV déjà? Alors qu’il le cherchait des yeux évitant soigneusement Zoë, il la prévint toutefois. « Je suis désolé Alice du désagrément. Je m’arrangerais pour que quelqu’un te protège, autre que moi... » Il marqua une pause et souffla « J’ai compris. Ce n’est pas réciproque. C’est pas grave... » Il attrapa la machine, et sa veste. Il se dirigea doucement vers l’entrée mais se retourna toutefois. « J’enverrais quelqu’un réparer les dégâts. » Et à ce moment, alors qu’il était bien décidé à partir, il la regarda. Il n’en fallut pas plus pour qu’il renonce. Il lâcha ses affaires et précipitamment alla s’agenouiller devant elle, posant ses mains sur les genoux de la jeune femme. « Qu’est ce qui se passe Zoë? » Il les frotta doucement alors que impuissant il n’arrivait pas à comprendre la situation. C’était elle qui voulait qu’il parte non?

Au grand étonnement de Zoë, il sembla accéder à sa requête et la laisser tranquille à broyer du noir dans son coin. Peut-être était-ce un changement légèrement positif qu'il avait subi, après tout. Elle avait été particulièrement détestable avec lui, elle en avait parfaitement conscience, et maintenant qu'elle se retrouvait seule, elle ne pouvait que se sentir coupable. Elle se frotta vigoureusement les yeux dans l'espoir de chasser les larmes qui menaçaient de couler, tentant de se convaincre qu'elle avait bien fait d'agir ainsi et que passer sa vie avec lui n'était plus envisageable. Le fait est qu'elle savait parfaitement qu'elle était en train de se voiler la face et qu'elle ne désirait plus que passer le plus de temps possible avec Liam avant qu'il ne décide de s'en aller encore une fois. Il sembla néanmoins que les choses semblaient décidées à ne pas lui laisser cette chance, puisqu'après quelques instants de calme quasi total, elle entendit Liam entrer dans le salon. Elle n'eut pas besoin de le regarder pour comprendre. C'était évident. Elle était allée trop loin, et il s'en allait. Elle ne se rendit pas compte sur le coup qu'elle pleurait pour de bon, les larmes s'écoulant le long de ses joues dans un flot incessant. Elle détestait pleurer. Cela n'avait pas le pouvoir de changer quoi que ce soit, cela n'apaisait en rien le malaise ressenti, les larmes ne servaient à rien d'autre qu'à brûler yeux et joues, mais voilà qu'elle se retrouvait à pleurer comme une gamine de six ans à cause d'un chagrin puéril.

« Je suis désolé Alice du désagrément. Je m’arrangerais pour que quelqu’un te protège, autre que moi... » Elle aurait espéré qu'il s'accroche un peu plus, qu'il lui prouve qu'elle comptait vraiment plutôt que de se laisser atteindre par des mots perfides prononcés à cause de la peur, du stress, de n'importe quoi. Il semblait désormais évident qu'elle avait un peu tout idéalisé, qu'il n'était pas prêt à s'accrocher pour la bonne et simple raison qu'il y avait des choses plus importantes dans sa vie. Elle tenta de se convaincre que tout irait bien. Elle avait survécu un an sans lui, elle parviendrait bien à survivre toute son existence. « J’ai compris. Ce n’est pas réciproque. C’est pas grave... » Pas réciproque ? Elle aurait voulu lui crier à la figure que non, ce n'était pas réciproque. Il était en train de s'en aller aussi facilement, à cause de trois mots proférés sans sincérité. En quoi les choses pouvaient-elles être réciproques dans ces circonstances ? Elle ne dit rien cependant, se retranchant effrontément dans un silence accompagné de larmes. « J’enverrais quelqu’un réparer les dégâts. » Elle n'avait pas envie qu'il envoie quiconque réparer quoi que ce soit. Elle avait juste envie de se laisser crever sur ce canapé, avec la porte grande ouverte pour faciliter le travail de Dante ou de n'importe qui d'autre. Elle hocha néanmoins faiblement la tête, sachant pertinemment qu'il ne devait même pas observer sa réaction.

Après un bref silence, elle entendit ses affaires tomber sur le sol et releva la tête, ne comprenant pas ce que cela voulait dire. En quelques secondes, elle le trouva agenouillé face à elle, sans parvenir à déterminer ce qui se passait exactement. Il était censé partir, et non pas venir lui écraser un peu plus le coeur en venant la tourmenter cinq minutes de plus. Elle essuya précipitamment ses larmes, cherchant quelque chose d'autre à fixer que son visage. Elle fut surprise de sentir ses mains se poser sur ses genoux, et décida qu'il était en train de devenir particulièrement sadique. Ca au moins, ça ne lui manquerait pas. « Qu’est ce qui se passe Zoë? » Elle le fixa avec des yeux étonnés. Comme si ce qui se passait n'était pas évident. Il se mit à frotter doucement ses genoux, et elle posa son regard sur ses mains, ce qui était bien plus facile que soutenir son regard. « Ce qui se passe ? Pas grand chose. Je suis exténuée, tu t'es pris une balle, et maintenant tu pars. Encore. Rien ne se passe. » Elle le regarda à nouveau, passant timidement ses doigts sur ses cernes effroyables. « J'ai suffisamment de mal comme ça, j'avais pas besoin que tu viennes me donner des faux espoirs en plus. » Elle lui lança une petite moue qui avait pour but principal de retenir ses larmes, ce qui fonctionna presque. « Je suis désolée. » Pour tout. Pour n'importe quoi. Pour ce qu'il voulait.

Elle pleurait. Il détestait ça. Il détestait encore plus le fait que se soit à cause de lui. Il n'avait jamais voulu partir. Mais que pouvait-il faire de plus si elle ne voulait plus de lui dans sa vie? « Qu’est ce qui se passe Zoë? » Il espérait pouvoir connaître la réponse à cette question, qu’elle lui dirait de sa petite voix qu’elle n’en pensait pas un traître mot et que la seule chose qu’elle souhaitait à présent c’était qu’il reste, mais ce n’était sans doute que des fantasmes, et ses pleurs n’étaient provoqués que par une soudaine baisse de son adrénaline. Il resta toutefois, ses mains posées sur ses genoux, impuissant et le coeur au bord des lèvres, attendant quelque chose qui ne se produirait sûrement pas. « Ce qui se passe ? Pas grand chose. Je suis exténuée, tu t'es pris une balle, et maintenant tu pars. Encore. Rien ne se passe. » Elle se trompait. Il se passait qu’il était encore en vie grâce à elle et qu’elle lui avait fait gentiment comprendre qu’il n’était plus le bienvenu dans sa vie. Elle finit par le regarder, et à son grand étonnement, elle passa ses doigts sur ses cernes violacées. « J'ai suffisamment de mal comme ça, j'avais pas besoin que tu viennes me donner des faux espoirs en plus. » Liam se radoucit, et frotta un peu plus vigoureusement les jambes de Zoë, s’autorisant à remonter un peu plus haut que le genoux. Il avait envie de lui dire qu’il était revenu pour de bon et par pour lui donner de ‘faux espoirs’ comme elle le disait. Il voulait que cette année écoulée soit oubliée, enterrée au fond d’une abysse, qu’on efface ce qu’il avait pu faire ou même se produire, qu’on omette même son existence. Elle lui lança une moue. Une moue servant sans doute à stopper une autre avalanche de larmes prêtent à déferler. Il lui sourit tristement. « Je suis désolée. » De quoi? De lui avoir sauver la vie? D’avoir dit ce qu’elle avait dit quelques minutes avant? De pleurer? Il ne souhaitait pas d’excuse, il n’en avait pas besoin. Le simple fait d’avoir senti ses doigts sur sa peau l’avait convaincu de rester. Il posa un instant sa tête sur les genoux de la jeune femme, exténuée. La cicatrice lui faisait mal, mais il se fichait bien de la douleur, ce qu’il espérait c’était que ça ne pissait pas le sang.

Au bout d’une minute, peut être deux, il releva enfin sa tête et la regarda droit dans les yeux. « Tu n’as pas à t’excuser Zoë. » Il l’avait dit doucement, pour ne pas briser le silence harmonieux qui s’était installé. Il réfléchit un instant, pesant ses mots et continua. « Je ne partirais pas. Je ne veux pas repartir. J’ai juste cru que c’était la solution la plus raisonnable après ce que tu m’as dit. » Il ne la quittait pas des yeux. Il souhaitait que ses pleurs cessent et qu’elle lui sourit. Il caressa sa joue et sécha une ou deux larmes. Il ne voulait plus la quitter. Il ne pouvait plus. « Je reste si tu le souhaites. Tu as juste à me le dire. Et si tu as besoin de temps je ne serais jamais loin... » Il se releva de tout son long, ses jambes commençant à le faire souffrir. Il épousseta son pantalon pour se donner une certaine contenance, quoique se fut inutile. Il hésita un instant, puis s’assit à côté d’elle dans le canapé et osa attraper le menton de Zoë pour qu’elle le regarde. « Arrête de pleurer Zoë, s’il te plaît. Tout ira bien, je te le promets. » Il ne pouvait pas affirmer ça, mais pour leur bien être à tous les deux, il pensait pouvoir se le permettre. « Mais tu dois me refaire confiance... » Il marqua une pause. « Tu dois vraiment me faire confiance Zoë. Je sais que ce n’est pas forcément une chose facile... mais c’est pour notre survie » finit-il par avouer dans un souffle. Il savait que si elle mourait, lui aussi. Il ne pouvait pas vivre sans coeur. Et son père en était pleinement conscient. I plongea son regard dans celui de la jeune femme comme pour appuyer ses propos. Sa main tenait toujours le menton entre ses doigts. Et il était toujours dans leur appartement, en vie. Le passé pouvait donc peut être disparaître...

Il y avait tellement de choses pour lesquelles elle était désolée qu'elle ne parvenait pas à déterminer pour quoi elle s'excusait. Elle était désolée de l'avoir appelé deux mois plus tôt, elle était désolée d'être insupportable, elle était désolée qu'il se retrouve blessé à cause d'elle, elle était désolée de lui chialer dans les pattes alors qu'il ne demandait qu'à partir. Elle s'était attendue à ce qu'il soupire, secoue la tête d'un air désolé, et finisse par se lever et partir, comme prévu. Au lieu de ça, elle fut surprise de le voir poser sa tête sur ses genoux, dans un geste qui la prit totalement de court et la fit se tendre légèrement, ne sachant comment réagir. Elle voyait qu'il était fatigué. Elle voyait qu'il souffrait. Elle savait que le laisser partir dans cet état était cruel. Mais elle n'avait pas l'intention de l'arrêter s'il souhaitait s'en aller. Elle avait compris la leçon. Elle fut tentée de passer une main dans ses cheveux, juste pour se rappeler ce que ça faisait, mais décida que cela serait bien trop audacieux dans une telle situation. Lorsqu'il releva la tête, elle le fixa de ses yeux sans doute légèrement rougis par les larmes, et rien que cette pensée lui donna envie de se donner des claques. Elle avait été stupide de se laisser aller comme ça. Elle aurait dû attendre quelques instants de plus, le temps qu'il ait définitivement tourné le dos, comme ça tout le monde aurait été content. Sauf peut-être elle. « Tu n’as pas à t’excuser Zoë. » Peut-être avait-il raison. Peut-être était-ce inutile de s'excuser alors qu'il s'en fichait totalement. Elle ne le quitta pas des yeux, bien que son regard fût légèrement vide, tentant de comprendre le sens de ses paroles. Elle ne savait pas si cela signifiait qu'aucune excuse ne pourrait arranger les choses, ou si il n'y avait tout simplement rien à arranger. Elle aurait aimé opter pour la seconde option, mais son optimisme semblait la lâcher à cet instant.

« Je ne partirais pas. Je ne veux pas repartir. J’ai juste cru que c’était la solution la plus raisonnable après ce que tu m’as dit. » Elle le regarda, ne cherchant même pas à dissimuler son étonnement. Il ne souhaitait pas partir. Comment pouvait-il ne pas vouloir partir ? Pire encore, comment pouvait-il croire que la laisser seule était la meilleure chose à faire, maintenant plus que jamais ? Elle sentit quelques nouvelles larmes couler le long de ses joues, larmes qu'il essuya d'une caresse, ce qui aurait pu la faire sourire en d'autres circonstances. « Je reste si tu le souhaites. Tu as juste à me le dire. Et si tu as besoin de temps je ne serais jamais loin... » Elle avait toujours voulu de lui. N'était-ce pas elle après tout qui lui avait laissé un message ? Un message certes stupide et inutile, mais peu importe. Elle avait essayé de reprendre contact. Pouvait-il en dire de même ? Elle ne voulait pas qu'il parte. Elle voulait qu'il reste. Même s'il n'était bon qu'à lui briser le coeur, elle avait parfaitement conscience qu'essayer de s'éloigner de lui ne l'aiderait en rien à se relever. Tandis qu'il se redressait, elle hocha discrètement la tête, incapable de dire à haute voix qu'elle voulait qu'il reste, qu'elle en avait besoin. Malgré ses propos rassurants, elle s'attendit presque à ce qu'il renonce et parte pour de bon, découragé par son mutisme inébranlable. Mais il sembla préférer s'asseoir à côté d'elle, s'emparant de son menton de manière à ce qu'elle ne soit pas tentée d'éviter son regard. Elle eut d'ailleurs l'impression d'être une enfant à qui l'on tentait de faire comprendre quelque chose pour de bon. « Arrête de pleurer Zoë, s’il te plaît. Tout ira bien, je te le promets. » Elle ne demandait que ça, arrêter de pleurer. Mais son sale corps capricieux en avait décidé autrement, et elle n'avait plus franchement envie de lutter contre quoi que ce soit. Elle avait du mal à imaginer que tout puisse bien se passer, même si elle ne demandait que ça. Il ne pouvait plus rien lui garantir, et c'était bien ce qui était le plus regrettable. « Mais tu dois me refaire confiance... » À ces mots, elle essaya de détourner le regard, soudain agacée de constater que sa main l'en empêchait. Elle ne pensait pas être capable de lui refaire confiance aussi facilement, même si elle savait qu'au fond elle était tout à fait prête à essayer. « Tu dois vraiment me faire confiance Zoë. Je sais que ce n’est pas forcément une chose facile... mais c’est pour notre survie » Ce fut certainement ce qui lui permit de se convaincre qu'il était temps d'oublier un peu tout le malheur dans lequel il l'avait plongée pour ne plus penser qu'à ce qui allait suivre. Le fait que ce soit leur survie à eux deux qui dépende de sa petite confiance à elle lui semblait exagéré, mais elle préféra y croire néanmoins, ce qui constituait sans doute un certain progrès.

Elle n'attendit pas très longtemps après qu'il eût fini de parler pour prendre la parole à son tour, se sentant légèrement honteuse d'avoir recours à une sorte de chantage risible, mais elle sentait qu'elle en avait besoin, que cela pouvait la rassurer un peu. « Si j'accepte de te faire confiance, tu me jures de rester ? » Elle ne bougea pas, soudain bien consciente des doigts qui tenaient son menton, et elle dû s'y reprendre à deux fois pour respirer calmement. Il était là, à quelques centimètres d'elle, et elle se comportait comme une gamine en plein caprice, tout ça pour garantir la survie de son petit coeur. Intéressant. « Parce que je t'assure que partir n'est vraiment pas la solution la plus raisonnable si tu veux que je m'en sorte vivante. » Elle lui adressa un sourire timide et légèrement larmoyant puis dégagea son menton de son emprise et l'embrassa sur la joue cette fois, avant de poser sa tête sur son épaule, sentant qu'il était encore une fois préférable qu'elle se taise.

Liam ne voulait pas la perdre. Il avait besoin d'elle. Alors, il espérait qu'elle accepte. Qu'il reste, de lui faire à nouveau confiance, de recommencer. Elle était la seule qu'il avait aimé. Les autres n'avaient été que des conquêtes de passage dont les noms s'étaient volatilisés au moment où il l'avait rencontré. Sa mère lui avait confié lorsqu'il était gamin qu'il existait quelqu'un sur cette planète faite pour lui et qu'il le saurait dès qu'il la verrait. Et en gamin qu'il était il n'y avait pas cru. Et puis Zoë avait déboulé dans sa vie. C'est à ce moment là qu'il avait compris ce que sa mère voulait dire. Lorsqu'on rencontrait cette personne, il devenait impossible et même inconcevable de la laisser vous filer entre les doigts. Mais il était parti, il l'avait laisser filer, il l'avait abandonné. En plus du poids du chagrin il supportait celui de la honte et de la culpabilité. Il l'aimait et maintenant qu'il l'avait retrouvé, il ne laisserait plus jamais lui échapper. Il respira profondément, attendant ce qu'elle allait lui annoncer. « Si j'accepte de te faire confiance, tu me jures de rester ? » Il eut envie de rire mais se retint. Il trouvait ça mignon, mais en aucun cas elle n'avait besoin d'un tel chantage pour le faire rester. Il lui sourit doucement et réalisa enfin à quel point ils étaient proches. Il ne fit plus un geste de peur de déraper ou même de lui faire peur. « Parce que je t'assure que partir n'est vraiment pas la solution la plus raisonnable si tu veux que je m'en sorte vivante. » Il put voir à travers son petit sourire une petite touche larmoyante. Il avait envie de l'embrasser et de lui dire à quel point il se sentait enfin vivant. Mais elle dégagea son menton avant qu'il n'ait pu faire quoique se soit. Elle embrassa sa joue ce qui eut l'effet d'une décharge électrique sur lui, et enfin elle posa doucement sa tête sur son épaule. Comme avant, pensa t-il. Il attrapa sa main et l'embrassa doucement avant de lui dire. « Même si tu n’avais pas été prête à me faire confiance, je serais resté. » Il serra un peu plus la petite main. « Je ne te quitterais plus. Je pourrais pas y survivre. » Il avala avec difficulté. Liam n’était pas quelqu’un qui se confiait facilement. Il se sentait tout d’un coup gêné de lui dire ça. Il mit toutefois ça de côté pour profiter pleinement de la sensation de Zoë tout contre lui.

Deux minutes s’écoulèrent sans que l’un ou l’autre ne reprennent la parole. Le silence n’était ni pesant ou gênant. Le calme qui régnait était juste délectable. Mais Liam ne pouvait tenir en place plus longtemps. Il se releva doucement ce qui incita Zoë a retirer sa tête de son épaule. « Zoë ? » Dit il doucement pour qu’elle le regarde. Il se plaça face à elle, et déposa doucement sa main sur sa joue, et avança son visage lentement vers elle. Lorsqu’il trouva qu’il était à une distance acceptable, soit à peine cinq centimètres de celui de la jeune femme, il articula presque silencieusement « Je t’aime. » Puis finissant la course de son visage, il déposa sur les lèvres de la brunette un baiser léger comme une plume. Un frisson le parcouru alors qu’il appuyait doucement ses lèvres contre celles de Zoë. Il se recula après seulement quelques secondes. Il paraissait immobile aux yeux du monde, mais dans son fort intérieur c’était la tempête, un feu d’artifice, un final de comédie musicale. Il resta silencieux quelques secondes, la fixant un peu gêné mais dit toutefois. « Et tu ne peux pas en douter. Je t’appartiens. » Ces quelques mots résumaient tout le fond de sa pensée. Il n’y avait rien d’autres à ajouter. Sans elle il n’existait pas, et il aurait aimé à cet instant qu’elle s’en rende compte. Mais il ne pouvait pas trop en demander après ce qu’il avait fait. Il retira doucement sa main de sa joue, et attrapa à nouveau la main de Zoë en la serrant doucement.

Que pouvait-elle faire désormais, sinon tenter de se persuader que le vide dans lequel elle avait survécu durant près d'un an n'était que le fruit d'un terrible cauchemar ? Plus grand chose, à cet instant précis, ne lui indiquait le contraire, après tout. Ni sa tête posée nonchalamment sur l'épaule de Liam, ni le court silence qui s'installa, ni le léger baiser qu'il déposa sur sa main après s'en être emparé. « Même si tu n’avais pas été prête à me faire confiance, je serais resté. » Il était clair que même si elle tenait à se convaincre qu'elle était totalement prête à lui faire confiance, ce n'était pas pour autant un fait avéré. Son coeur dévasté, aussi petit qu'il pût sembler, lui criait que oui, elle allait lui faire confiance. En deux jours ça serait emballé, ils pourraient même aller gambader dans les bois et y faire Dieu sait quoi. Son cerveau, en revanche, lui indiquait clairement qu'il serait très, très stupide d'oser lui accorder sa confiance encore une fois pour qu'il s'amuse avec. Elle avait presque envie de lui dire ça, mais elle se sentait un peu trop bien pour venir gâcher la quiétude ambiante avec ses remarques stupides. Et puis elle le sentit serrer sa main, ce qui eut pour effet de la dissuader totalement. « Je ne te quitterais plus. Je pourrais pas y survivre. » Zoë resta silencieuse. Elle sentait bien qu'il n'était pas à l'aise dès lors qu'il s'agissait de dire ce qu'il ressentait, aussi préférait-elle profiter de ce rare instant de confession plutôt que de mettre en avant le fait que techniquement, il pourrait très bien survivre.

Ainsi restèrent-ils plongés dans le silence. Elle ne pensait à rien, et préférait se concentrer sur le fait que tout semblait être réellement rentré dans l'ordre. Et puis il finit par se redresser, l'incitant au passage à en faire de même, ce qui aurait pu la contrarier légèrement si elle n'était pas curieuse de savoir ce qui l'avait poussé à bouger. « Zoë ? » Elle fixa son regard sur lui, ne cherchant pas à dissimuler l'expression intriguée qui marquait ses traits. Elle sentit alors sa main se poser sur sa joue, ce qui eut pour effet de totalement l'anesthésier. Il approcha son visage du sien, et elle put sentir son souffle sur sa peau, voir enfin pleinement tout ce qui indiquait qu'il était épuisé, ce qui lui fit un petit pincement au coeur, bien qu'elle ne fût pas en état d'y prêter attention. « Je t’aime. » Elle entendit à peine ces mots, mais elle parvint tout de même à les comprendre, et surtout à réaliser qu'ils semblaient sincères. Son coeur rata un ou deux battements, et elle eut à peine le temps de lui lancer son premier vrai sourire de la semaine avant qu'il ne l'embrasse. Elle ferma les yeux, pressant doucement ses lèvres contre les siennes en réponse. Puis il se recula. Trop tôt. Mais elle se ressaisit assez aisément et ne le lâcha pas des yeux, se rendant compte qu'il avait l'air une fois de plus mal à l'aise. Et elle eut du mal à comprendre pourquoi, mais ne chercha pas à se plonger dans des débats intérieurs sans fin. Il lui avait dit qu'il l'aimait, et c'était bien le plus important.

« Et tu ne peux pas en douter. Je t’appartiens. » Elle eut une légère sensation de froid sur sa joue lorsqu'il en décolla sa main pour à nouveau s'emparer de celle, tellement plus petite, de Zoë, mais elle ne réagit pas. Ni à ses paroles, ni à ses gestes, encore trop abasourdie pour montrer qu'elle l'avait entendu. Plus elle pensait à ce qu'elle venait de dire, plus elle se disait que c'était un mensonge, aussi préféra-t-elle arrêter de réfléchir. Elle posa alors sa main libre sur l'épaule de Liam, le tirant ainsi légèrement vers elle, et approcha à nouveau son visage du sien, effleurant légèrement ses lèvres des siennes. « L'idée que tu m'appartiennes me plait beaucoup. Cependant… » Elle marqua une pause, en profitant pour s'éloigner à nouveau de lui avec un soupir faussement dépité. « Il me semblait surtout que tu appartiens à la mafia. » Elle s'interrompit à nouveau, arborant désormais une mine abattue et résignée. « Et je dois dire que la manière donc elle marque son territoire est tellement efficace. » Elle désigna son ventre d'un signe de tête, qu'elle effleura du bout des doigts avec une grimace désapprobatrice. Elle le regarda à nouveau, lui adressant un sourire qui se voulait désolé, mais qui cachait difficilement son sarcasme. « Je peux pas lutter contre ça. »