Well you built up a world of magic because your real life is tragic ☛ JAKE&ZA

On horror’s head horrors accumulate.

Le temps commençait sérieusement à se dégrader, et c’était dans ces moments-là qu’elle regrettait de ne pas avoir de voiture, ou de ne pas habiter près de son frère. Peu importait, de toute façon, il fallait qu’elle marche. Vaguement emmitouflée dans la première veste qu’elle avait trouvée, Alice avait quitté son appartement pour aller vaillamment chez son frangin. C’était une chose qu’elle faisait de plus en plus souvent, et cela commençait sérieusement à l’inquiéter. C’était à se demander si elle ne craignait pas que lui aussi se volatilise dans la nature sans un regard en arrière.
Elle marchait rapidement, malgré ses petites jambes, et arriva au pied de l’immeuble de son frère bien plus vite qu’elle ne s’y était attendue. Elle grimpa distraitement les escaliers, se demandant s’il était trop tôt pour que sa présence parvienne à nuire à la vie informatique palpitante de Jake, avant de décréter qu’il n’était jamais trop tôt pour ça, puis entra dans l’appartement sans même prendre la peine de frapper. À moins qu’il ait pris pour habitude, sans qu’elle soit mise au courant, d’attaquer tout intrus à coup de clavier d’ordinateur, elle ne risquait pas grand chose, de toute façon.
À peine eut-elle mis un pied dans la demeure de son ainé que le crétin de chien qu’elle avait l’habitude de garder vint l’accueillir. « Au moins toi tu te déplaces pour moi, gros sac. » Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle avait fini par sérieusement s’attacher à Othello. Il avait été son compagnon durant de bien sombres soirées, lui donnant l’impression de ne pas vivre totalement seule dans son appartement trop grand. La raison pour laquelle elle gardait ce fichu clébard, comme elle l’appelait, devenait de plus en plus obscure à mesure que ses séances de baby-sitting devenaient de plus en plus fréquentes. Et elle envisageait très sérieusement de tirer tout ça au clair, parce qu’il ne fallait pas non plus qu’il oublie qu’elle avait des études à gérer, ce qui n’était pas compatible avec la présence d’une autre âme chez elle.
La brunette cessa de caresser Othello et se mit à errer dans la maison, à la recherche de son frère. « Ton chien m’a réservé un accueil plus chaleureux que toi. Je pense que je vais finir par définitivement l’adopter. Et par te renier, au passage. T’es où ? » Elle arriva enfin dans le salon, où elle finit par mettre la main sur Jake. « Bonjour. Je viens juste vérifier que tu as pensé à te nourrir et à faire tes besoins entre deux sessions d’informatisationnage. » Elle se laissa tomber sur le canapé sans prendre la peine de paraitre subtile, s’y avachissant de tout son long. La nuit avait encore été courte - ou longue, selon le point de vue - et elle n’aspirait plus qu’à une chose - dormir. Mais d’abord, il fallait qu’elle embête son frère.

**AVATAR** : Jesse Eisenberg **MESSAGES** : 62

Le désavantage du 'je bosse tout seul, je fais mes recherches tout seul et j'aime le désordre' c'est le temps que ca prends pour organiser un truc. Bon, OK, j'avais qu'à prendre un coéquipier. Mais au moins je suis sûr que le boulot est bien fait quand c'est moi qui m'en occupe. Peut-être pas la partie architecture, mais bon, on ne peut pas être bon partout. Et voilà ce que je faisais depuis presque deux jours complets. Bon, avec quelques pauses pour donner a manger a un chien idiot que bave partout de façon a ce qu'on ne l'oublie pas. Mais là n'est pas la question. Deux jours vissé a ces écrans, a me frotter a un système de sécurité relativement hallucinant. Tout ca pour protéger un seul crétin de milliardaire. Je vais pas m'en plaindre. Que mon boulot soit difficile met du sel dans mon existence... Sauf dans les cas ou ca peut se révéler dangereux, mon job est sympa. Bon, faut pas non plus avoir trop de morale parce qu'au fond c'est du vol, mais après tout, si ca sert a d'autres on va pas s'en plaindre.
Oui, donc, je devais faire des recherches sur un type... Pour le boulot, sinon, mon monologue plus haut n'aurait pas servi a grand-chose. Bien que après deux jours, je crois avoir ce qu'il me faut, vaut mieux vérifier, et donc, tout savoir. Des trucs inutiles y compris. Genre le numéro de sécurité sociale du type. Et bizarrement, le site de la-dite sécurité sociale est ultra-protégé. Comme si ca servait a quelque chose, a part a trier les dossiers...
Et donc, en pleines recherches, un casque sur les oreilles, comment voudrait-on que j'entende ma chère petite sœur entrer ? Donc, oui, c'est ce qu'elle a fait. Sans frapper, surement que je n'aurais pas ouvert. Le temps de voir le crétin de chien pré-cité partir vers la porte en courant, non sans faire tomber une lampe et un coussin au passage, d'enlever le casque, d'entendre la-dite petite sœur pester et la voilà devant moi. « Mon chien, comme tu dis, bien qu'il en ait la démarche, n'est pas un sac, et a un meilleur odorat que le mien. Comme si tu me voyais souvent en train de renifler les gens...» Et a elle de se laisser tomber de tout son long sur le canapé. Sans gêne, mais ici, elle n' a pas a en avoir. Ce n'est pas comme si j'étais le genre fée du logis qui passe son temps a tout nettoyer, l'état de l'appartement le montrait bien, entre les emballages de chinois, de pizza, les chaussures et diverses autres affaires plus ou moins ignobles... « Comme tu peux le voir, je ne suis pas drogué... Je sais que j'ai d'autres besoins que mon ordi. Bien que ce soit un besoin primaire. En fait, si je suis drogué... Mais je crois ne pas être le seul. Et je te déconseille de poser ta tête sur le coussin, j'ai fichu de la sauce tomate dessus, et j'ai eu un peu la flemme de tout virer. Ce qui prouve que je me nourrit, moi.».

Enfin, le moment allait venir de passer aux sujets qui fâchent. Enfin, qui allaient fâcher la petite demoiselle devant moi. En la regardant, je comprenais pourquoi je n'avais encore rien dit. Les yeux cernés, la fatigue apparente, tout ca n'encourageait pas a tout lui dire. J'aurais bien voulu ne pas lui infliger cet autre coup...« Bon, Zoë... Faut que je te parles sérieusement. Mais avant, que je sois sûr, tu continueras a garder Othello quoi que je fasse ?» Oui, je sais, mon humour est pourri.

Elle resta un court instant silencieuse, visualisant vaguement son frère en train de renifler tout ce qui se trouvait à la portée de son nez, et ne put s'empêcher de rire brièvement. « C'est quelque chose que j'aimerais bien voir, en fait. Tellement glamour, tellement toi. » Elle extirpa de sous son corps fatigué quelque chose qui ressemblait à un emballage de plat préparé, l'inspectant pensivement en faisant mine de ne pas vraiment écouter ce qu'il disait. La critique à peine voilée qu'il lui adressait à présent n'avait rien de nouveau. Oui, elle était une éternelle droguée, oh mon Dieu elle allait finir par ne plus savoir différencier le rêve de la réalité, quel sacrilège. Ce genre de discours, elle en avait affronté des tonnes au cours des derniers mois. Mais Jake était le seul à avoir le don à faire passer ça de manière presque légère et aimable, comme un sujet que l'on aborde à table entre amis. Elle souleva soudainement sa tête de l'oreiller sur lequel elle venait plus ou moins de s'allonger, s'en empara et le lança au sol en lui lançant un regard dégoûté.
Zoë glissa nonchalamment un bras derrière sa nuque pour remplacer l'oreiller pourtant largement convoité, tentant tant bien que mal de soulager la raideur qui avait fini par mordre son cou après des heures passées à étudier comme une forcenée. « Tu es le seul drogué ici mon grand, il est temps de te faire à cette bien triste idée. Et je me nourris aussi, figure-toi. Seulement moi j'ai suffisamment de classe pour ne pas laisser traîner les vestiges de mon repas un peu partout dans mon appartement. » C'étaient deux mensonges éhontés qu'elle venait de proférer là, ses mains tripotant inconsciemment sa veste. La nourriture était un élément superflu qui avait fini par disparaitre de la liste de ses priorités, laissant place au rêve et aux études. Mais étrangement, tout fonctionnait à merveille comme ça. Elle arrivait presque à paraitre normale, quand elle parvenait à enchainer plus de quatre heures de sommeil. Mais peu importait, là n'était pas le but de la conversation.
En fait, elle ignorait totalement quel en était le but. Jusqu'à ce qu'il en vienne au fait avec son humour à deux balles qui parvenait presque toujours à faire craquer un sourire sur le visage de ZA. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle, et c'est avec un minuscule sourire en coin qu'elle se tourna légèrement vers son crétin de frangin. « Si ce que tu as à me dire est déplaisant, je GARDE ton chien à vie. Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as un corps à cacher ? T'as cassé ton PASIV ? T'as besoin d'argent pour t'acheter un énième ordinateur de merde ? Oh non je sais. Othello est une Othella ? » Elle avait tenté de faire un peu d'humour, réalisant déjà quelque part au fond d'elle-même que le sujet était loin d'être aussi léger, et que son manque de sommeil allait agir de manière négative dans tout ça.